Ansouis
Un soleil orange étrange et lumineux flirte avec une coline au bonnet de pin emmitouflé dans un châle de chênes blanc, puis caresse une cheveulure rousse blonde de blés mur.
Le vent chaleureux chahute un essaim d'hirondelles et de martinets qui gazouillent dans un ciel bleu pastel.
Des lèvres pulpeuses de cresson borde un ruisseau qui chante le même refrain caillouteux, des corps de lierre enlacé frissonnent au passage d'un merle.
Percher sur un mamelon de roche un petit village du Sud lézarde sous une chaleur tiede et finissante,
le temps a éteint les tuiles rondes des toitures où pendent des bras noueux de vignes sauvages.
Au loin on entend le murmure d'une fontaine vieillissante et de jeunes éclats de rire qui s'éclabousse,
des courses de sandalettes dans des ruelles étroites, bossue où les maisons forment une gigantesque farandole.
Joseph DIAZ
| Le voyage de la pierre du bout
Coucchée dans un lit d'argile
au bas d'une langue de terre
Tremplin vers les cieux
elle est là comme un hasard
Née dans les entralles
de ces collines d'ocres,
Grande et belle
pétrie par des mains d'hommes.
Comme toute pierre
d'où qu'elle soit,
elle a son odeur
son histoire
ses silences.
Sous son bonnet de mousse
et de lierre vert
dans sa robe d'aiguilles de pins
Table d'hôtes aux frugales pitances
aux compteurs d'étoiles filantes
aux intenses émois,
C'est la dernière pierre
au bout d'une restanque édentée
au corset décousu
bavant sa bedaine de terre sur les chemins
où des jets de ronces au tentacules crochues
nous rend le corps timide et acrobate.
Joseph DIAZ
| A l'ombre des ombres
fantômes d'ormes vermoulus
A l'ombre des ombres
des chênes blancs et nus
La terre bouche ouverte
embrasse les vents
Dans son lit ruisselle la vie
draps de mousse, draps de feuilles
au parfum de violettes
enrobées d'insectes
La robe légère de blanches gelées
les ronces au petit jour
pleurent leur rosée
Cheveux en bataille de chats et rongeurs
le soleil timide caresse le bosquet
fuyant vers les plaines
loin du fossé.
Joseph DIAZ |